Rencontre avec Joël Bourgeot, sous-préfet de Gex

« J’exerce dans le corps préfectoral depuis 10 ans et mon arrivée en tant que sous-préfet de Gex le 17 octobre dernier est mon quatrième poste. »
Au mois d’octobre dernier, Joël Bourgeot a pris ses fonctions de sous-préfet de l’arrondissement de Gex. Rencontre avec cet homme d’Etat.
Pourquoi êtes-vous devenu sous-préfet ?
« J’exerce dans le corps préfectoral depuis 10 ans et mon arrivée en tant que sous-préfet de Gex le 17 octobre dernier est mon quatrième poste. J’arrive de Dole (Jura). J’ai auparavant travaillé dans l’Education Nationale de 1995 à 2001 comme personnel de direction en région Bourgogne Franche Comté, puis à la direction de lycées français de l’étranger, à Madrid (Espagne), 5 ans, puis à Niamey (Niger), 3 ans. J’ai ensuite continué ma carrière comme Directeur Académique adjoint puis directeur d’académie par intérim à Toulouse. C’est en septembre 2012 que j’ai souhaité intégrer le corps préfectoral, d’abord dans le Jura, à Saint Claude, puis Montbard (Côte d’Or) et Dole (Jura). Je suis originaire de Bourgogne-Franche-Comté, et je souhaitais revenir dans la région pour des raisons personnelles et professionnelles.
Quelles sont les missions d’un sous-préfet ?
Ma mission est avant tout au service de l’intérêt général. C’était un désir fort d’exercer ma mission en arrondissement car c’est un niveau de proximité que j’aime et qui revêt des atouts de transversalité majeurs. La création par le Président de la République d’un poste de sous-préfet d’arrondissement à Gex alors qu’auparavant la fonction couvrait Gex et Nantua a aussi été un choix important pour valoriser cette proximité. C’est une mission passionnante qui nécessite un investissement constant permanent.
Sous-préfet en Pays de Gex requiert-il quelques spécificités ?
Ici, il existe un enjeu transfrontalier fort. Ma mission est de prendre en compte cette particularité tout en veillant à ce que les intérêts français et la loi française soient bien respectés dans une logique « gagnant-gagnant » avec nos amis suisses. Ce territoire est spécifique de par son histoire et sa géographie. C’est une enclave historique qui s’ouvre à partir du moment où vous franchissez le Fort l’Ecluse. Ce territoire est aujourd’hui tiré par un fort développement économique qui entraîne des conséquences importantes en matière d’aménagement du territoire et au niveau social. Cet aménagement ne peut se faire sans prendre en considération cette relation transfrontalière. Je dois être en permanence à l’écoute des élus français pour prendre en compte ces facteurs : économique, d'aménagement du territoire et social. L’Etat français est garant du respect de ce cadre. Je représente ainsi la Préfète dans une douzaine d’instances transfrontalières, ce qui est une spécificité de ce poste. Je pense ici notamment au Pôle métropolitain du Genevois Français qui a saisi avec force le sujet de la mobilité, du transport et de la culture. Les élus de Pays de Gex Agglo ont eux aussi considéré à juste titre depuis de longues années les enjeux de mobilité et de santé. Tous doivent faire avec le développement d’une ville centre qui ne se trouve pas sur leur territoire et encore moins dans le même pays.
Quels sont les sujets qui occupent votre actualité ?
Ma mission est d’assurer pour la Préfète de l’Ain la représentation de l’État sur le territoire du Pays de Gex à travers le contrôle de légalité, l’accueil du public, les missions régaliennes de l’Etat et le suivi des projets pilotés par le Gouvernement. La création par exemple de 200 casernes de gendarmerie sur le territoire français peut amener les élus à se positionner prochainement sur ce dossier qui intéresse le Pays de Gex dans sa collaboration permanente avec la compagnie de gendarmerie de Gex et son commandant Sébastien Josserand. Les résultats en matière de sécurité sont aujourd’hui encourageants avec une baisse des cambriolages de 43% lors des trois dernières années. Le travail doit se poursuivre avec une présence plus importante encore sur le terrain. L’accompagnement par exemple des dispositifs de participation citoyenne mérite d’être développé. Aujourd’hui les conventions tripartites communes, gendarmerie et Procureur de la République sont le signe que tous les acteurs de la sécurité sont autour de la table pour impulser une action efficace. Il est en outre demandé aux 27 communes du Pays de Gex d’avoir chacune un référent sécurité. Dans ce maillage pour la sécurité de nos concitoyens, la forte présence des polices municipales est aussi à prendre en compte. Je me félicite des excellentes collaborations qu’il peut exister entre elles et la gendarmerie.
L’autre sujet majeur du territoire est celui de la santé :
Effectivement, c’est un des sujets majeurs et délicats auxquels je suis confronté quotidiennement avec les élus locaux. Les deux préfets de l’Ain et de la Haute-Savoie siègent au Comité Régional Franco-Genevois (CRFG) et à l’lPC. La volonté des élus et représentants de l’Etat est de faire sortir ce territoire de son déficit d’offres de soins. C’est un sujet prégnant. L’ARS et la CPAM sont aussi des acteurs incontournables des solutions qui pourraient être trouvées à l’échelle du Pays de Gex et de la Suisse. Les accords avec les Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG), la formation des personnels, sont des pistes de réflexion mises sur la table.
Comment l’Etat gère-t-il la question sociale en pays de Gex ?
Je porte une attention toute particulière à l’accompagnement de cette population qui ne travaille pas en Suisse et qui vit donc avec des salaires français. Le cadre réglementaire français dont la préfète de l’Ain veille à sa réalisation, prévoit des objectifs précis de mise à disposition de logements aidés par les collectivités. La question du logement est un frein important à l’emploi et notamment pour les agents qui assurent une mission de service public sur le territoire. Si nous voulons des professeurs, des gendarmes, des pompiers ou des personnels de services publics, il faut que nous puissions les loger. Toute cette population qui passe parfois sous les radars est à prendre en compte. Les élus du Pays de Gex ont bien saisi les enjeux et doivent rester vigilants sur cette question.
Quelles sont les caractéristiques propres à la ville de Divonne-les-Bains ?
Divonne-les-Bains est une spécificité du Pays de Gex étant donné sa situation, son histoire, sa géographie et son cadre de vie. Sa dimension transfrontalière est fortement à prendre en compte. Le rôle de l’Etat est d’accompagner les projets de la ville et d’être un partenaire fort dans le champ de compétences qui est le sien notamment sur le projet d’EcoQuartier lié à la problématique du logement par exemple, de la question de la gestion de l’eau, ou encore de la mise en place du dispositif Petites Villes de demain. Cette année un des sujets majeurs va être le plan de rénovation énergétique des bâtiments, notamment via le fonds vert qui va permettre de financer en partie cette rénovation pour les communes à hauteur de 2 milliards d'euros. Nous allons aider les communes à prioriser et à monter leurs dossiers. Plus globalement, je me félicite de la qualité des échanges que je peux avoir avec les élus du territoire. Ils ont parfaitement saisi que l’Etat était à leurs côtés. »